Ep.3 - Mondanité oubliée
Jeanne est assise au côté d’une vieille dame aux allures de grande bourgeoise. Sidonie et Bambi l’aperçoivent et rejoignent la table, sans penser un instant que Jeanne sociabilise ; Sidonie se dit qu’il s’agit d’une amie parisienne avec qui sa mère se bourre la gueule. Bambi pense que c’est une voisine à qui sa grand-mère a piqué un carton d’invitation à un dîner d’étiquettes, chez la concierge qu’elle soudoie en lui apportant du thé et les chocolats les plus chers de Panam.
Jeanne : Je te présente Sidonie, ma fille, et Bambi, ma raison de vivre. Puis se tournant vers les filles. Votre tante.
La dame : Bernadette, enchantée.
Sidonie et Bambi en chœur : Notre tante ???
Sidonie et Bambi prennent place à table. On aperçoit un vide traverser le regard fixe de Berna-dette. Jeanne tente de la ranimer en agitant les bras devant elle.
Bambi à sa mère : Oh je le sens pas du tout là m’man. C’est quoi ce vieux Noilly Prat ?
Bernadette se réveille, se penche vers jeanne.
Bernadette : Qui sont ces gens ?
Sidonie et Bambi sont stupéfaites.
Bambi : Finalement, on va peut-être s’amuser un peu. C’est quoi son problème ?
Jeanne : La tête. Elle a les Portugaises ensablées aussi. Puis elle s’approche de l’oreille de Bernadette et hausse la voix : Si-do-nie et Bam-bi.
Bambi : Bambi, comme dans le dessin animé ?
Jeanne : Faudrait peut-être pas exagérer, Babar.
Bernadette : Tu leur as parlé de ton incroyable geste de générosité pour l’association ?
Sidonie : Attend, c’est quoi cet épisode de science-fiction où tu donnes de ta personne ?
Bernadette : Votre grand-mère a organisé notre prochain gala de charité pour lutter contre les assassins d’animaux...
Bambi à Jeanne : C’est con pour ton vison, surtout avec ce froid de canard.
Bernadette à Jeanne : Ma chérie, dis à ton trésor de ne pas m’interrompre. Sinon je perds le fil.
Bambi grimace.
Bernadette : Elle a participé à hauteur de dix invités.
Sidonie, qui feint d’être captivée : Ah oui ? Et c’est combien par tête ?
Bernadette : 1200 euros ! Vous imaginez ?
Bambi : La vache !
Bernadette : Mon enfant, on mange végétarien ce soir-là.
Jeanne est à deux doigts de lui claquer le beignet. On ne parle pas ainsi à sa petite fille. Bernadette s’éteint à nouveau, elle baisse la tête puis la relève.
Bernadette : Et Georges, comment il va ?
Jeanne : Georges nous a quittées, tu sais bien.
Bernadette à Bambi : Mon enfant, qui êtes-vous ?
Bambi : Fuck, mais c’est un vrai nid de coucou ! Je suis la femme du boucher.
Jeanne : Bambi !!!
Bernadette, énervée, à Sidonie : Qu’est-ce que vous faites assise, vous ? Notre commande, elle arrive quand ?
Sidonie à Jeanne : Tu nous l’avais bien cachée celle-là.
Bernadette se retourne et voit son reflet dans le miroir.
Bernadette : Vous êtes qui, vous ?
Les filles sont abasourdies.
Bernadette à Jeanne : Et Georges alors ?
Jeanne, résignée : Il est aux toilettes.
Le serveur arrive avec la commande, des salades et du thé.
Bernadette : Mais non ! On avait commandé du champagne. Et puis qu’est-ce que c’est que cette salade ? J’avais demandé un homard entier !
Bambi : Et mémé, c’est pas l’île de Ré.
Le serveur regarde Jeanne, pantois. Jeanne lui fait signe de préparer l’addition.
Bernadette : Tu sais que j’ai déménagé ? J’ai donné tous mes meubles à une œuvre de charité. Emmaüs, ils s’appellent.
Jeanne, la mine inquiète : Mais tu vis où alors ?
Bernadette : Chez Roger, bien sûr.
Jeanne : Bernadette, Roger est mort il y a deux ans. Jeanne se tourne vers Sidonie et Bambi. La pauvre, c’est depuis ce jour-là qu’elle part en cacahuète.
Bernadette : Il est peut-être avec Georges !
Jeanne, pointant son index vers le ciel : C’est ça, là-haut.
Bernadette : Et ils redescendent quand, d’après toi ?