La série ELLES

Trois générations d’une même famille parisienne déjantée, Jeanne, Lalo, Bambi, se retrouvent et nous embarquent chaque semaine dans leur vie de femmes, fortes et folles, de leurs fidèles désaccords à leurs mésaventures pour aborder tous les sujets qui concernent les femmes, et pas que.

Inscrivez-vous à la Newsletter pour recevoir l’épisode de la semaine avant tout le monde

anne wehr anne wehr

Ep.1 - Infidèles

Au cimetière Montmartre, Jeanne et Sidonie se tiennent debout côte à côte devant une tombe. Jeanne est attifée d’une tenue choisie pour l’occasion dans des nuances noir-deuil - robe, chapeau et yeux charbonneux. Sidonie a fait sobre, disons moins drama que sa mère. Sur la tombe, Jeanne pose avec soin un bouquet de rose et Sidonie un cadre ralliant sur une photo N&B leur lignée de femmes, puis ponctuent par un signe de croix, empathiques.

Au cimetière Montmartre, Jeanne et Sidonie se tiennent debout côte à côte devant une tombe. Jeanne est attifée d’une tenue choisie pour l’occasion dans des nuances noir-deuil - robe, chapeau et yeux charbonneux. Sidonie a fait sobre, disons moins drama que sa mère. Sur la tombe, Jeanne pose avec soin un bouquet de rose et Sidonie un cadre ralliant sur une photo N&B leur lignée de femmes, puis ponctuent par un signe de croix, empathiques.

Jeanne : Mon Georges… C’est la dernière fois que je viens ici en amateur.

Sidonie : Bonjour papa.

Le bref moment de recueillement est interrompu par Bambi qui débarque en jogging et veste en jean. Elle pose une statuette sur la tombe et se replace aux cotés des filles, avec un sourire large et fier. 

Bambi : Salut papi. Happy birthday.

Jeanne : Ton grand-père adorait la langue de Shakespeare.

A la vue de la statuette, un petit squelette vêtu d’une robe criarde à la tête de mort hirsute (une Catrina, avis aux amateurs), Sidonie grimace tandis que Jeanne ne dissimule guère son dégoût, en témoigne le rictus au coin de sa lèvre, pourtant figée par son chirurgien. “ Ah quand même ”, lâche-t-elle. 

Bambi : Quand est-ce qu’on a arrêté de se comprendre, les filles ?

Sidonie : J’espère que papi ne t’entend pas.

Bambi : Oh ça va, avec tout ce que vous lui avez fait subir.

Jeanne : Moi ? Je lui ai appris à épeler le mot AMOUR ! Hein mon Georges ?

Bambi : Tu crois vraiment qu’il nous entend ?

Jeanne : Ne sois pas absurde ma chérie… bien sûr que oui.

Bambi : Bon, faut que je vous parle. Papi, bouche-toi les oreilles. Vous savez que j’ai un mec ?

Sidonie grimace puis tourne le dos à la tombe et invite les filles à en faire autant. 

Jeanne : Oui ma chérie. Et nous nous en réjouissons.

Bambi : Ouais sauf qu’il y a un problème.

Jeanne : Ce petit con t’a trompée.

Bambi lève les yeux au ciel, parsemant une pointe d’arrogance : Pas du tout, pourquoi tu dis ça ?

Jeanne : Parce que c’est un homme, voyons.

Bambi : C’est le contraire. C’est moi qui ai failli le faire cocu.

Jeanne prend Bambi en accolade pour la faire basculer vers son sein.

Jeanne : Ma chérie, écoute tes envies, tu es jeune.

Sidonie à Bambi : à toi de voir si tu as envie de prendre la route de Madison.

Jeanne chuchote, narquoise, à Sidonie : T’as pas hésité à l’ouvrir, toi, la portière.

Jeanne : Pardon mon Georges, on est toutes pareilles, on a ça dans le sang.

Bambi à Jeanne : Quoi? T’as trompé papi ?

Jeanne, avec légèreté : Oh, rien qu’une fois…

Sidonie : Oh, rien que pendant vingt ans…

Jeanne à Sidonie : Mais je ne t’ai jamais dit de me prendre en exemple, ma chérie.

Bambi à Sidonie, en hurlant : Quoi ? Papa, tu l’as trompé ?

Sidonie à Jeanne : Je l’ai trompé parce que j’en avais envie, pas parce que tu avais trompé papa.

Bambi : Toutes des salopes !

Sidonie : Faut pas croire non plus que ton père était un Saint ! 

Jeanne : Il nous a fait beaucoup de peine.

Bambi : Et donc, vous l’avez trompé. Logique.

Jeanne : Tout n’est pas cartésien ma chérie. 

Bambi : Et lui dans tout ça ? Qu’est-ce qu’il a dit ?

Jeanne et Sidonie : Qui ?

Sidonie à Bambi : Ton grand-père, tu vois où ça l’a mené !

Jeanne à Bambi : Ton père, lui, il a rien dit.

Bambi : Et en plus, une couille molle.

Jeanne : Pas du tout, il aimait ta mère.

Bambi se retourne vers la tombe. Les autres suivent.

Bambi : En gros, vous me conseillez de tromper mon mec ?

Jeanne : Ça dépend…

Sidonie et Jeanne, en chœur : Il est fidèle ?

Bambi : Ça, je sais pas…

Coup de tonnerre, le ciel se met à lâcher de grosses gouttes assassines sur la statuette, les roses et la photo des trois filles.

Lire la suite
anne wehr anne wehr

Ep.2 - Celine, c’est la mère ou la fille ?

Aujourd’hui et comme chaque mercredi elles se retrouvent pour leur déjeuner de filles à l’hôtel Amour. Jeanne est en retard. Sidonie et Bambi sont ventousées depuis déjà dix minutes sur leur pouf en skye. Sidonie se colle des rides d’impatience entre les deux yeux tandis que sa fille Bambi fait le compte de mecs qui ne l’a pas encore reluquée. Bientôt zéro.

Aujourd’hui et comme chaque mercredi elles se retrouvent pour leur déjeuner de filles à l’hôtel Amour. Jeanne est en retard. Sidonie et Bambi sont ventousées depuis déjà dix minutes sur leur pouf en skye. 

Sidonie se colle des rides d’impatience entre les deux yeux tandis que sa fille Bambi fait le compte de mecs qui ne l’a pas encore reluquée. Bientôt zéro. 

Sidonie à Bambi : Qu’est-ce qu’elle fout encore ? Je vais être en retard chez ma gynéco.

Bambi à sa mère, décontenancée : La gynéco ? Mais pour quoi faire ???

Sidonie zappe, soulagée, lorsqu’elle aperçoit sa mère débarquer comme sur le tapis rouge cannois : Ah ben il était temps !

Jeanne pose son sac Chanel comme Paris Hilton avec son chihuahua. Sur les genoux à maman.

Bambi à Jeanne : Ben mamie qu’est-ce qui t’arrive ?

Jeanne à Bambi : Je t’ai déjà dit de ne pas m’appeler comme ça. J’ai bonne mine, non ?

Bambi, sceptique : Ben je dirai plutôt que t’es gonflée.

Jeanne : Impossible, je n’ai rien avalé de solide depuis deux jours.

Jeanne susurre qu’elle sort de chez son chirurgien plastique et qu’il lui a injecté une merveille, certes hors de prix, mais discrète à souhait.

Sidonie à sa mère : Maman t’as vu tes lèvres… On dirait que t’as sucé ton breuvage vitaminé à la paille toute la matinée.

Jeanne les condamne d’un discours sur les bienfaits de la chirurgie et ne se retient pas de menacer sa fille d’en faire autant avant qu’il ne soit trop tard. Feignant une envie de pipi envahissante, Sidonie s’en va mater ses rides dans le miroir des toilettes.

Pendant ce temps, Jeanne arbore sa dernière paire de Blahnik, un escarpin posé carrément sur la table, les yeux de voisines vissés sur le tout nouveau modèle, même pas encore en boutique. Elle explique que son ami styliste lui l’a dégotée pour son diner de gala. Elle cherche encore LA robe.

Quand Sidonie revient, elles annoncent qu’elles montent dans une chambre installée pour la Fashion Week, pour essayer la combi Céline que Bambi conseille à sa mamie comme la tenue adéquate pour l’occasion.

Sidonie, déconcertée : On n’a même pas fini de manger ! Vous faites chier.

Les deux, en chœur : T’as qu’à finir !!!

Une fois en haut, Jeanne dans la tenue Celine en question, taille 36 : Je sais pas, je la trouve un peu large.

Bambi : Mamie, tu es parfaite !

Un mec de l’âge de Bambi les mate sans vergogne : Je sais pas si je préfère la mère ou la fille, au moment où Sidonie arrive essoufflée de sa montée au paradis.

Sidonie regarde le bonhomme avec dédain : 

“ Et moi je ne sais pas si je préférais pas quand les mecs étaient moins beaux mais certainement moins cons ! ”

Lire la suite
anne wehr anne wehr

Ep.3 - Mondanité oubliée

Jeanne est assise au côté d’une vieille dame aux allures de grande bourgeoise. Sidonie et Bambi l’aperçoivent et rejoignent la table, sans penser un instant que Jeanne sociabilise ; Sidonie se dit qu’il s’agit d’une amie parisienne avec qui sa mère se bourre la gueule. Bambi pense que c’est une voisine à qui sa grand-mère a piqué un carton d’invitation à un dîner d’étiquettes, chez la concierge qu’elle soudoie en lui apportant du thé et les chocolats les plus chers de Panam.

Jeanne est assise au côté d’une vieille dame aux allures de grande bourgeoise. Sidonie et Bambi l’aperçoivent et rejoignent la table, sans penser un instant que Jeanne sociabilise ; Sidonie se dit qu’il s’agit d’une amie parisienne avec qui sa mère se bourre la gueule. Bambi pense que c’est une voisine à qui sa grand-mère a piqué un carton d’invitation à un dîner d’étiquettes, chez la concierge qu’elle soudoie en lui apportant du thé et les chocolats les plus chers de Panam. 

 

Jeanne : Je te présente Sidonie, ma fille, et Bambi, ma raison de vivre. Puis se tournant vers les filles. Votre tante. 

La dame : Bernadette, enchantée. 

Sidonie et Bambi en chœur : Notre tante ???

Sidonie et Bambi prennent place à table. On aperçoit un vide traverser le regard fixe de Berna-dette. Jeanne tente de la ranimer en agitant les bras devant elle. 

Bambi à sa mère : Oh je le sens pas du tout là m’man. C’est quoi ce vieux Noilly Prat ? 

Bernadette se réveille, se penche vers jeanne. 

Bernadette : Qui sont ces gens ? 

Sidonie et Bambi sont stupéfaites. 

Bambi : Finalement, on va peut-être s’amuser un peu. C’est quoi son problème ? 

Jeanne : La tête. Elle a les Portugaises ensablées aussi. Puis elle s’approche de l’oreille de Bernadette et hausse la voix : Si-do-nie et Bam-bi.

Bambi : Bambi, comme dans le dessin animé ? 

Jeanne : Faudrait peut-être pas exagérer, Babar. 

Bernadette : Tu leur as parlé de ton incroyable geste de générosité pour l’association ? 

Sidonie : Attend, c’est quoi cet épisode de science-fiction où tu donnes de ta personne ? 

Bernadette : Votre grand-mère a organisé notre prochain gala de charité pour lutter contre les assassins d’animaux... 

Bambi à Jeanne : C’est con pour ton vison, surtout avec ce froid de canard. 

Bernadette à Jeanne : Ma chérie, dis à ton trésor de ne pas m’interrompre. Sinon je perds le fil. 

Bambi grimace. 

Bernadette : Elle a participé à hauteur de dix invités. 

Sidonie, qui feint d’être captivée : Ah oui ? Et c’est combien par tête ? 

Bernadette : 1200 euros ! Vous imaginez ? 

Bambi : La vache ! 

Bernadette : Mon enfant, on mange végétarien ce soir-là. 

Jeanne est à deux doigts de lui claquer le beignet. On ne parle pas ainsi à sa petite fille. Bernadette s’éteint à nouveau, elle baisse la tête puis la relève. 

Bernadette : Et Georges, comment il va ? 

Jeanne : Georges nous a quittées, tu sais bien.

Bernadette à Bambi : Mon enfant, qui êtes-vous ? 

Bambi : Fuck, mais c’est un vrai nid de coucou ! Je suis la femme du boucher. 

Jeanne : Bambi !!!

Bernadette, énervée, à Sidonie : Qu’est-ce que vous faites assise, vous ? Notre commande, elle arrive quand ? 

Sidonie à Jeanne : Tu nous l’avais bien cachée celle-là.

Bernadette se retourne et voit son reflet dans le miroir. 

Bernadette : Vous êtes qui, vous ? 

Les filles sont abasourdies. 

Bernadette à Jeanne : Et Georges alors ? 

Jeanne, résignée : Il est aux toilettes. 

Le serveur arrive avec la commande, des salades et du thé.

Bernadette : Mais non ! On avait commandé du champagne. Et puis qu’est-ce que c’est que cette salade ? J’avais demandé un homard entier ! 

Bambi : Et mémé, c’est pas l’île de Ré. 

Le serveur regarde Jeanne, pantois. Jeanne lui fait signe de préparer l’addition.

Bernadette : Tu sais que j’ai déménagé ? J’ai donné tous mes meubles à une œuvre de charité. Emmaüs, ils s’appellent. 

Jeanne, la mine inquiète : Mais tu vis où alors ? 

Bernadette : Chez Roger, bien sûr. 

Jeanne : Bernadette, Roger est mort il y a deux ans. Jeanne se tourne vers Sidonie et Bambi. La pauvre, c’est depuis ce jour-là qu’elle part en cacahuète. 

Bernadette : Il est peut-être avec Georges !

Jeanne, pointant son index vers le ciel : C’est ça, là-haut. 

Bernadette : Et ils redescendent quand, d’après toi ? 

Lire la suite
anne wehr anne wehr

Ep.4 - Oh god !

Lalo et Bambi attendent sur une place au moment où Jeanne débarque comme une fleur dans sa vieille Jeep à toit ouvert et se plante à leur côté, bouchant ainsi toute la circulation. Un vieux klaxonne derrière elle et, fenêtre ouverte, hurle. « Oh, ça va, oui ! Vous ne voyez pas que vous gênez tout le monde !

Lalo et Bambi attendent sur une place au moment où Jeanne débarque comme une fleur dans sa vieille Jeep à toit ouvert et se plante à leur côté, bouchant ainsi toute la circulation. Un vieux klaxonne derrière elle et, fenêtre ouverte, hurle. « Oh, ça va, oui ! Vous ne voyez pas que vous gênez tout le monde ! 

 

Jeanne sort la tête de sa voiture en direction du vieux.

-   Ça tombe bien, on m’appelle Mademoiselle « sans-gêne ».

Le vieux : Mademoiselle, c’est ça ! Et moi je suis puceau !

Jeanne : La vulgarité n’a jamais gratifié personne. (Aux filles) Bon je me gare et je vous rejoins. Attendez-moi là.

 

JEANNE les retrouve et leur fait signe de la suivre à quelques mètres de là. Devant une boutique de Sex Toys.

Loin du grabuge, de la précipitation, et des insultes, place à un moment intime, ambiance feutrée, silence intimidant. Elles se retrouvent au milieu des vibro, des canards et des boules de Geisha.

 

Jeanne se gargarise, fière de son initiative. Bambi tripote des boules de Geisha.

-   Trop cool ce truc. C’est quoi au juste ?

-   Ça, ce sera pour quand tu auras un petit ami ma chérie. Et qu’il ne saura plus comment te satisfaire.

-   Et ça ? Où est-ce qu’on peut bien mettre ce genre de truc ?

 

Jeanne zieute l’engin avec deux ronds de frite. « Alors ça, j’en sais fichtre rien. Faut que je google-ise ça très vite.

 

Lalo tire sa mère par le bras. « Tu peux m’expliquer ce qu’on fout là ?

Jeanne : On s’amuse ma fille. C’est bien cela dont il s’agit si on veut profiter de la vie, non ?

 

Jeanne élève un vibromasseur en forme de lapin au niveau de son chignon, tandis que BAMBI, extatique, a attrapé un womanizer. LALO secoue vivement son pied, puis les yeux clos, prend de grandes respirations rythmées. « Inspi, expi, inspi, expi… »

 

Jeanne : Bordel à queue, c’est le prof de yoga, la gynéco ou ton psy qui t’a appris ça ?

Lalo continue ses respirations sans prêter attention à sa mère.

Jeanne : Ma chérie, je me suis dit qu’il était temps de tourner la page. Tu es divorcée, pas enterrée. En attendant ta prochaine montée au ciel avec un vrai mec, essaie de déboucher un peu tout ça.

 

Lalo creuse les rides de son front, puis ouvre à nouveau les yeux. Elle prend une grande inspiration.

-   Oh God ! Qu’est ce que je vais bien pouvoir faire de toi, hein ? (Puis se tournant vers sa mère). Tu as sûrement pleins d’idées, n’est-ce pas. Vu ton expérience…

 

Lalo se dirige vers la caisse. Jeanne saisit un womanizer, qu’elle tend discrètement à BAMBI, avant de rejoindre la caisse.

Jeanne : J’insiste, c’est moi qui invite !

 

Une fois hors de la boutique, dans le brouhaha et les agitations de la rue, Lalo s’accroche au bras de sa fille.

-   Promets-moi que tu me le feras remarquer si je deviens comme elle !

Bambi : Comment te dire…

 

Jeanne s’incruste dans cette étreinte familiale. Une fois collées-serrées, Lalo sent la poche de sa fille vibrer.

-   Bambi, ton portable vibre dans ta poche…

Bambi, morte de rire : Ça doit être mon nouveau mec !

 

Lalo comprend l’objet de la vibration. Elle prend un air sévère, s’approche à quelques centimètres du visage de sa mère.

Lalo : Ah non, pas elle. Elle est trop jeune, épargne là un peu !

Jeanne : Crois-moi il vaut mieux ça plutôt qu’elle s’entiche d’un macho qui ne saura, de surcroit, pas lui donner la moitié du plaisir procuré par cette merveille !

Lire la suite